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Au CS Saint-Louis HB, un projet gardien(ne)s ambitieux… et un club qui s’engage

Et si le poste de gardien(ne) devenait le moteur de transformation d’un club tout entier ?

À Saint-Louis, cette idée a cessé d’être une théorie. Car depuis cette saison, le CS Saint-Louis HB a lancé un projet ambitieux : structurer, valoriser et accompagner les gardien(ne)s de but dans un cadre spécifique, exigeant, mais surtout profondément humain.
 Un projet de fond qui dépasse le cadre technique, car ici, l’objectif n’est pas seulement de mieux former un poste : c’est de faire progresser l’ensemble du collectif, en s’appuyant sur cette fonction souvent délaissée.

Mais ce n’est pas tout. En parallèle, le club ouvre aussi le dialogue sur des questions sociales et humaines trop souvent ignorées dans le monde sportif amateur. Une nouvelle politique de formation… et d’ouverture.

Gardien(ne)s de but, le prochain défi du CS Saint-Louis HB ?

Ce soir-là, lors de l’entraînement des -15F, comme à presque chaque séance au gymnase municipal de Saint-Louis, trois gardien(ne)s sont sous la houlette du duo père-fils Kilka : Clément et Éléa (absente ce soir) chez les -15, ainsi que Mathilde pour les -18.
 L’entraînement spécifique débute par un échauffement : Mathilde active ses muscles à l’aide d’exercices de proprioception, pendant que Clément travaille son positionnement pour se mettre en jambe. Un avant-goût d’une séance spéciale gardien(ne)s. Focus sur un projet en plein développement au sein du club.

Gardien de but depuis l’âge de 7 ans au club de Cernay/Wattwiller, Jean-Marie Kilka affiche une carrière plus qu’honorable, ayant notamment évolué au niveau national.
 Il y a cinq ans, après avoir rangé les genouillères et quitté le rectangle de 40×20, celui que l’on surnomme localement « JM » s’est tourné vers la formation. D’abord tenté par une spécialisation sur les gardien(ne)s, motivé par le besoin d’accompagnement à ce poste, il admet que le manque de préparation l’a freiné. Il s’est alors orienté vers le coaching collectif.

« On manque de personnel. Un(e) gardien(ne) doit être accompagné(e) pour progresser, c’est indéniable. J’ai commencé l’année dernière avec Lisa, à raison d’une séance par semaine. Cette année, avec l’aide de Laurent, le projet gardien(ne)s démarre vraiment. »

Laurent, président du club, partage ce même constat :

« Avec JM, nous sommes partis du constat que nous devions aider les entraîneur(euse)s lors des entraînements pour prendre en compte ce poste spécifique de gardien(ne). »

Un projet familial, la recette parfaite pour réussir ?

Cette saison semble être la bonne pour le duo Kilka, qui axe son approche sur la création d’un lien fort avec les jeunes gardien(ne)s. Pascal Kilka, également ancien gardien ayant évolué au niveau national, accompagne son fils en tant que référent du projet, avec la volonté claire de transmettre son savoir-faire aux plus jeunes.

« Le plus important pour nos jeunes, c’est d’apprendre à faire les bons choix, au bon moment. Et de notre côté, de ne jamais les contredire brutalement, mais toujours expliquer, toujours proposer des solutions. »

La ligne de conduite est claire. Tout en répondant à mes questions, Pascal s’implique pleinement dans les exercices. Pendant qu’il aide Mathilde à travailler sa réactivité, JM hausse la voix pour pousser Clément à mieux occuper “ses 6 mètres”.
 Aux côtés du duo, on trouve également Adil Ben Aissa, préparateur physique du groupe (absent le soir du reportage). Une équipe unie, soudée… et familiale.

« C’est extrêmement compliqué quand tu connais le personnage, donc tu prends sur toi. Moi, je suis un peu là pour faire éponge. On se complète et on s’organise bien », confie JM à propos de la relation qu’il entretient avec son père.

Un projet familial, au sein d’un club familial… Une alchimie qui semble évidente. En tout cas, le regard que porte le président sur ce projet est sans équivoque :

« Un projet qui se concentre sur l’entraînement spécifique des gardien(ne)s peut apporter une valeur ajoutée significative à un club amateur. Cela peut également attirer des joueur(se)s talentueux(ses) qui cherchent à se développer dans ce rôle spécifique. »

Une méthode, un matériel, une vision

Au-delà de l’organisation humaine, les entraînements sont pensés selon trois mots-clés, adaptés aux catégories : découverte pour les -13, apprentissage pour les -15, et perfectionnement pour les -18.
 Les séances suivent presque toutes la même structure : après un échauffement collectif, les gardien(ne)s sont confié(e)s au duo Kilka avant de réintégrer l’équipe dans divers exercices, organisés soit par le duo, soit par l’entraîneur(euse).

Côté joueur(se)s, Mathilde, gardienne des -18, souligne l’importance de ce type d’accompagnement ciblé, qui lui permet de corriger les différentes problématiques liées à son poste, problématiques que des entraîneur(euse)s plus généralistes auraient plus de mal à résoudre. Le duo Kilka permet ainsi d’instaurer un véritable dialogue d’experts autour de ce rôle.

Cette philosophie s’accompagne d’un apport matériel : la valise gardienne, qui contient tout le nécessaire pour les jeunes portier(e)s. La volonté est d’être plus mobiles, et pourquoi pas, de pouvoir se déplacer dans plusieurs clubs.

« Ici, à Saint-Louis, on a la chance d’avoir des tapis, des trampolines, etc. »

Le club s’investit lui aussi dans ce projet. Pour Laurent Juge, président du CS Saint-Louis HB, l’engagement se structure autour de trois pôles :

  • Accompagnement : fournir ressources et soutien logistique (terrains, équipements, entraîneur(euse)s qualifié(e)s)
  • Structuration : intégrer le projet au programme global du club, avec des horaires adaptés et une cohérence entre les groupes
  • Valorisation : promouvoir l’initiative auprès des licencié(e)s, parents et partenaires, en valorisant les résultats obtenus

« Utiliser les gardien(ne)s comme levier pour faire progresser le club, en exploitant mieux le vivier ludovicien. »

C’est ainsi que Jean-Marie Kilka résume la vision globale du projet. Il ne s’agit pas seulement de perfectionner un poste, mais bien d’inscrire cette démarche dans un travail collectif, au service de toutes les équipes.

Un impact collectif et transversal

Sur le terrain, Clément rejoint ensuite Antonin Graulier, coach des -15F, pour poursuivre le travail collectif, pendant que les Kilka poursuivent la séance avec la gardienne… et aident aussi les ailières à améliorer leurs tirs.
 Ce travail croisé profite à tout le monde. Le projet gardien(ne)s s’inscrit dans une volonté d’accompagnement global de l’équipe. Et Antonin l’a bien compris :

« Bénéficier de ce type d’accompagnement pour les gardien(ne)s me permet de me concentrer sur les tâches que je maîtrise mieux, tout en sachant que les gardien(ne)s sont entre de bonnes mains. Avec leur expérience du poste, ils peuvent apporter plus que moi. C’est un rôle très spécifique, et il est souvent difficile de trouver des exercices réellement adaptés. »

L’ensemble du travail des gardien(ne)s est légué au duo Kilka, dont l’expertise est, pour Antonin, un vrai atout.

Du côté de JM, rien ne se fait sans une vision d’ensemble. Avant toute prise en charge, la première étape est d’assister à un entraînement en tant qu’observateur.

« On ne peut rien mettre en place sans une vision globale, ni sans l’adhésion du staff. »

Le projet repose ainsi sur quatre clés de réussite :

  • L’accord de l’encadrement
  • L’accord du/de la joueur(se) et de ses parents
  • La confiance du comité
  • Un objectif clair : créer un écosystème viable et durable autour du poste de gardien(ne)

Et pour la suite ?

Côté encadrement, la volonté est claire : faire grandir le projet. Antonin Graulier espère notamment pouvoir mettre en œuvre cet accompagnement pendant les matchs :

« Que ça continue dans les années à venir, et qu’il puisse être présent en match. L’idéal serait que je m’occupe de l’équipe, et que lui se concentre sur les gardien(ne)s, avec stats et analyses pendant la rencontre. Seul, je ne peux pas tout faire. »

Côté matériel, un lanceur de balles aléatoires est prévu pour l’année prochaine, afin de travailler les prises de décision rapides, essentielles au poste.

Mais c’est aussi dans les mentalités que se joue l’évolution : changer l’image du poste, le rendre “cool”, le dé-diaboliser.

L’objectif du duo Kilka est collectif : faire progresser les équipes à travers leurs gardien(ne)s, faire monter les collectifs en région.
 À long terme, ils rêvent plus grand : voir émerger un(e) gardien(ne) formé(e) au club, évoluer au plus haut niveau, en montrant que Saint-Louis peut être une vraie terre de formation.

À ce titre, Mathilde invite les jeunes qui hésitent encore à occuper les 6 mètres, soulignant la responsabilité et l’importance du poste, être la motivation de l’équipe.

Un club qui s’engage au-delà du terrain

Cette année, le CS Saint-Louis HB s’illustre aussi en dehors du jeu. Avec près de 60 % de licencié(e)s féminines, le club s’implique dans des enjeux sociaux majeurs.

Le vendredi 21 mars, s’est tenue la première conférence des “Ateliers menstruels”, organisée par le club. Une trentaine de participant(e)s — majoritairement des femmes, mais aussi quelques hommes — ont répondu présent.

Le succès a été immédiat. Le public a réagi positivement, les échanges se sont déroulés dans un climat de confiance et de bienveillance. De nombreuses questions ont émergé, aussi bien du côté des jeunes filles que des entraîneur(euse)s masculins.

Le corps médical — composé d’une pédiatre, d’un kinésithérapeute, d’une psychologue et d’une sage-femme — a su poser un cadre rassurant et répondre de manière claire et pertinente.
 Côté sportives de haut niveau, Audrey Barascud (roller), Caroline Tschamber (gymnastique) et Alice Lévêque (handball) ont partagé leurs parcours et mis en lumière l’évolution des mentalités dans le sport autour de ce sujet encore trop peu abordé.

Laurent Juge, président du club, adresse à ce sujet un message fort :

« Un message particulier aux entraîneur(euse)s de féminines : selon les catégories, vous êtes forcément confronté(e)s à cette réalité, parfois sans même en avoir conscience. Pourquoi ne pas instaurer un dialogue en début de saison, en échangeant avec les parents, notamment les mamans ? Il serait bénéfique qu’elles se sentent libres de venir vous voir et de dire “Aujourd’hui, ça ne va pas trop, elle a ses règles.” Être attentif à certains signaux — une joueuse qui demande plus souvent à aller aux toilettes, qui semble manquer d’énergie — peut faire toute la différence. Et pourquoi ne pas prévoir quelques protections menstruelles dans la trousse de soins ? De petites attentions peuvent grandement améliorer le bien-être de nos sportives. »

FERHAT Gebril

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